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Hugo Barriol : “J’avais besoin d’un nouveau départ, d’un nouveau souffle”

Lucille Duthoit 8 décembre 2020
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© Cyprien Delire

Repéré par une maison de disque lorsqu’il chantait dans le métro parisien, Hugo Barriol s’est imposé avec son titre On the Road, suivi de l’album Yellow en 2019. De retour, aujourd’hui, avec Hey Love, un EP autoproduit aux sonorités folk, il nous embarque dans son univers mélancolique et sensible.

Quand as-tu commencé à faire de la musique ?

J’ai débuté très jeune, avec la batterie. Mon père ayant un groupe de musique, j’ai très tôt pris les baguettes, mais je jouais seul. Pendant mes études, j’ai été batteur dans un groupe de musique, et nos concerts m’ont donné envie de chanter. J’ai recréé un duo avec le guitariste du groupe dans lequel je chantais. Une fois à Paris, pour faire du théâtre, j’ai appris petit à petit à faire de la guitare. Et puis, j’ai décidé de partir en Australie avec mon meilleur ami. Là-bas, j’ai continué d’écrire et j’ai joué dans le métro, à Sidney. En revenant, j’ai voulu réitérer cette expérience et je suis allé dans le métro pour me faire des contacts et rencontrer des gens. Après deux ans, j’ai trouvé une maison de disque, un producteur, et j’ai signé mon premier contrat avec Naïve. Mon premier album est sorti en 2017.

Pourquoi avoir choisi de réaliser cet EP en indépendant ?

Après avoir travaillé avec les mêmes équipes pendant presque trois ans, j’avais besoin d’un nouveau départ, d’un nouveau souffle. Je n’avais pas forcément de plan, mais je savais que je voulais y aller au feeling et aux rencontres. Et puis, j’avais ces chansons. Alors, je me suis dit que c’était peut-être le moment pour créer ma structure, mon label et de sortir un EP tout seul.

© Marion Gallo

En appelant cet EP Hey Love, tu souhaitais instituer l’amour comme thématique centrale ?

Dans mon précédent album, on pourrait penser que certaines chansons sont tirées d’histoires d’amour. Elles n’évoquent par forcément le couple, mais elles sont bien tirées de relations personnelles. Cet EP est aussi consacré à l’amour, mais davantage au couple. Il parle des périodes compliquées, durant lesquelles on ne sait pas si c’est la fin ou si ça va continuer. Tout l’EP raconte une même histoire qui s’est passée durant l’été 2019. La première, From Love to Dust, illustre les moments durant lesquels tu repenses à des choses ou des lieux qui te ramènent à une période heureuse. Se rappeler du bonheur passé est sans doute ce qui fait le plus mal. Et pendant que je travaillais dessus, Hey Love est un peu tombée du ciel : j’ai trouvé le premier couplet et le refrain en quelques minutes. Ce titre représente bien cette période de ma vie.

Tu parles souvent de rencontres. En as-tu fais durant la création de ton EP ?

J’ai eu la chance de rencontrer une artiste franco-irlandaise, Chloe Giacometti. Elle m’a aidé à peaufiner mon texte sur la version originale de Hey Love, que ce soit en terme de rimes ou de choix de mots. Et j’ai rencontré Joe Bel, que je suivais déjà, puisque nous étions dans le même label. L’occasion s’est présentée sur la version française de Hey Love, où nous avons pu travailler ensemble sur l’adaptation du texte et les changements musicaux.

Comment cela s’est-il passé pour la production et la distribution ?

En tant qu’indépendant, c’est moi qui gère tout. Pour l’enregistrement de l’EP, j’ai pu continuer à travailler avec Ian Grimble (Mumford and sons, Matt Corby…) avec qui j’avais enregistré le premier album. Je lui ai fait écouter mes nouvelles chansons et il m’a invité pour les enregistrer dans son studio à Londres. Il m’a fait un beau cadeau, parce que je n’avais pas les mêmes moyens qu’un label ! Et pour la distribution, j’ai fait appel au nouveau label Confiture, dont les équipes vont voir les plateformes pour toi. Ça a été une bonne idée car, à la sortie, j’ai été mis sur neuf playlists d’un coup, ce qui n’était pas arrivé auparavant.

© Marion Gallo

Tu proposes des réadaptations en français de plusieurs chansons. Comment décrirais-tu ton rapport aux langues ?

J’écris et je pense mes chansons en anglais, car ces mots, cette musicalité me touchent. Avec la musique, j’ai toujours voulu toucher le maximum de gens. Or, n’en faire qu’en anglais pouvait me fermer des portes. J’ai aussi adapté Million Years par rapport aux quotas des radios (ndlr : depuis 1994 en France, les radios doivent diffuser un minimum de 35 % de chansons d’expression française aux heures d’écoute significative). Quand je chante en anglais, en concurrence avec des artistes comme Ed Sheeran et Beyoncé, c’est beaucoup plus difficile de toucher un public. J’ai essayé de sortir une adaptation en français, je n’étais pas trop à l’aise avec, mais je l’ai fait.

Pour la suite, je ne sais pas si je vais avoir un projet exclusivement en anglais, en français, ou un projet dans les deux langues. Mais il y a peu de temps, j’ai été inspiré en français. J’avais vraiment envie de le faire à ce moment-là et je suis fier de l’adaptation de Hey Love.

Comment écris-tu tes chansons ? As-tu un processus particulier de création ?

J’aime quand les choses sont efficaces et rapides. Quand j’ai une émotion, quelque chose qui naît, il faut que je le sorte et l’exprime. Je n’aime pas trop traîner, mais il n’y a pas de règles : certaines fois, un mot va m’inspirer, et je vais essayer de créer une mélodie avec ma guitare en fonction des émotions que je ressens sur le moment. D’autres fois, j’ai une esquisse de mélodie en tête, que j’essaie de travailler. Je peux avoir besoin d’écrire quand je n’ai pas trop le moral, et je tente de transposer mes émotions pour créer quelque chose. Et d’autres fois ça va très bien, j’ai simplement envie de faire de la musique. Il n’y a pas vraiment de comment, ni de pourquoi !




Comment as-tu choisi les chansons qui sont sur l’album ?

Pour cet EP, je voulais parler d’une période particulière, et j’ai gardé les chansons qui racontaient la même histoire : c’était simple et fluide, elles allaient ensemble. J’ai éliminé d’autres morceaux de la sélection. Je ne sais pas quand ils vont sortir, mais je n’aime pas trop attendre. Si tu laisses les choses traîner, à un moment, l’album est décalé par rapport à ton présent, il n’est plus d’actualité. Je préfère que les chansons naissent, soient enregistrées, sortent, et que je puisse passer à autre chose.

Quels artistes aimerais-tu nous faire découvrir ?

Aliocha a sorti une nouvelle chanson : C’est tout, c’est rien. Je connaissais déjà un peu sa musique, mais cette chanson m’a vraiment plu. Il y a aussi le réalisateur Mathieu Spadaro, qui a fait les clips de Stay et Don’t let me down. Lui et moi, c’est une belle histoire. Présent à l’un de mes premiers concerts, il m’avait dit qu’il aimait beaucoup ma musique et qu’on pourrait prendre contact pour se parler. On s’est perdu de vue, mais il est revenu me voir durant mon dernier concert à Paris. De là est née une amitié, on a travaillé ensemble et c’était super. Et depuis, il a réalisé le documentaire sur Mylène Farmer qui vient de sortir. Ses images sont toujours superbes.


Propos recueillis par Lucille Duthoit


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Donamaria, entre ombre et lumière, de Lucille Duthoit

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