« On ne se mentira jamais » : pieux mensonge !

Pourquoi passe-t-on son temps à se faire des promesses ? Et pourquoi rechercher désespérément une vérité qui n’est pas toujours bonne à avouer ? Après L’Illusion conjugale (Molière 2010) et Nos Femmes qui continue de triompher, Éric Assous poursuit le déshabillage du couple, sujet qui le fascine et qu’il décortique avec la jouissance d’un scientifique gourmand, non sans amertume.

Serge et Marianne ont à leur actif 25 ans de mariage, la météo de leur couple est clémente, quand un banal accrochage automobile les mettra face à face, à l’heure de l’apéritif, avec le démon de la suspicion. Tant il est vrai que les femmes possèdent une traditionnelle intuition féminine “pour ces choses-là”, que les hommes ont la fâcheuse habitude d’arrondir le dos afin de laisser passer l’orage, Marianne s’accroche au souvenir d’une ancienne amie de Serge avec la jalousie rétrospective d’une louve à l’affût de chair fraîche. quand Serge traite son épouse à la manière dont les hommes réagissent en cas d’attaque illégitime : Marianne est non seulement hystérique, mais folle.

Dans un intérieur zen aux couleurs chaudes de Charlie Mangel éclairé par Jacques Rouveyrollis, Fanny Cottençon est fragile et frémissante dans le personnage de Marianne, longue liane blonde à la franchise écorchée et à la prescience douloureuse. Quel bonheur de revoir cette belle actrice sur les planches d’un théâtre ! Jean-Luc Moreau, qui assure la mise en scène, interprète Serge avec talent et sincérité, preuve d’une belle intelligence. Un spectacle émouvant, intime et drôle.

Hélène Kuttner