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Ian Weldon : “Je ne suis pas un photographe de mariage”

Sophie Fremont 10 février 2022
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© Ian Weldon

Rencontre avec Ian Weldon, photographe originaire de Durham en Angleterre. Après avoir enchaîné les petits boulots et effectué un passage à l’armée, c’est finalement dans la photographie qu’il a trouvé sa voie. En acceptant de photographier des mariages pour gagner sa vie, il a finalement trouvé sa véritable passion. En 9 ans, il aura photographié plus de 150 mariages, avant de se tourner vers d’autres événements comme des festivals et des compétitions de bodybuilding.

Qualifié de “photographe de mariage le plus cool de monde” par le média VICE, son style et ses photos lui ont valu d’être approché par la Fondation Martin Parr à Bristol, où ses œuvres font désormais partie de la collection permanente.

Entre la photo narrative et le documentaire, Ian Weldon casse les codes conventionnels des photos de mariage lisses et parfaites et s’attache à capturer les coulisses, les ratés, les rires et la fête telle qu’elle est, et surtout telle qu’il la voit à travers son objectif.

© Ian Weldon

Comment est née votre passion pour la photographie ?

Je ne suis venu à la photographie que tard. Pendant les 29 premières années de ma vie, j’essayais juste de survivre et j’ai eu de nombreux jobs différents. Après avoir quitté l’école, j’ai d’abord été dans l’armée. Puis j’ai tout fait, du laveur de vitres au vendeur de voitures, jusqu’à ce que je me rende compte que je n’étais pas épanoui.

Au départ, la photographie était une activité commerciale. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait être et la façon dont elle allait me changer à jamais. Ce n’est que lorsque je me suis intéressé à l’histoire de la photographie – 4 ou 5 ans après le début de ma carrière – que j’ai commencé à comprendre son potentiel. J’ai alors décidé de me concentrer sur l’idée, plutôt que sur l’esthétique.

Vos photographies sont à la fois très techniques et spontanées… Comment saisissez-vous l’instant ? 

Je pense que tous les photographes doivent être compétents techniquement. C’est une nécessité absolue pour évoluer. De la même manière qu’un musicien doit maîtriser son instrument, les photographes doivent connaître les capacités de la machine qu’ils ont entre les mains. Ensuite, on peut appliquer ses propres idées sans que l’appareil photo ne nous gêne.
Je suppose que ma façon de travailler est ouverte et honnête. Je photographie ce qui m’attire.

Si votre style est proche de Martin Parr, vos photos racontent une histoire et je pense alors à Nan Goldin, photographe de l’underground londonien. Dans une interview, vous avez déclaré que vos photos sont “démocratiques” et que “toutes les choses sont égales et les gens identiques aux autres”. On peut alors évoquer Jean-Marc Bustamante. Quelles sont vos influences et inspirations ?

Ce sont des grands noms, vis-à-vis desquels il faut se montrer à la hauteur. Ces deux photographes sont une source d’inspiration pour moi, comme pour beaucoup d’autres. Lorsque j’ai commencé à comprendre ce qu’était la photographie, les images belles et parfaites ou les images conçues ont commencé à perdre de leur attrait. J’ai été attiré par des œuvres qui dépeignaient la vie réelle et qui me faisaient ressentir quelque chose. Si je ressens quelque chose pendant que je photographie, je ne peux pas l’ignorer. Ce sentiment devient alors une image et cela peut être une image de n’importe quoi.

© Ian Weldon

Vous avez exercé beaucoup de petits boulots avant de trouver votre vocation. Pensez-vous que ces expériences passées ont un impact sur votre travail actuel ?

Bien sûr. En tant qu’artiste, je suis influencé par toute mon expérience de vie, qui se reflète ensuite dans mon travail. Tout le monde fait cela, consciemment ou non. Les artistes choisissent simplement de l’utiliser pour montrer aux autres la façon dont ils perçoivent le monde qui nous entoure.

Après avoir photographié de nombreux mariages, avez vous identifié un type de mariage plus intéressant qu’un autre ? Pensez-vous que les coulisses du mariage princier de Harry et Meghan auraient été intéressants à photographier par exemple ?

Les mariages sont des mariages. Qu’il s’agisse d’une arrière-cour dans le comté de Durham ou d’un manoir sur les collines d’Hollywood, ils sont tous à peu près identiques. Je suis là pour faire des photos qui, premièrement, sont pour le couple qui s’engage et, deuxièmement, pour ajouter à mon corpus de travail sur les mariages. Je suppose que photographier un mariage royal aurait ses moments, mais pas plus intéressant – pour moi – que n’importe quel autre.

Vous avez photographié énormément de mariages anglais, aimeriez-vous documenter des mariages de cultures totalement différentes ?

J’ai photographié des mariages dans toute l’Europe et aux États-Unis mais oui, j’aimerais vraiment ajouter d’autres cultures à mon travail. C’est une chose à laquelle je pensais beaucoup avant la pandémie.

© Ian Weldon

En dehors des mariages, vous avez également photographié des compétitions de bodybuilding. Sur quels autres événements voudriez-vous travailler ?

J’ai quelques projets en cours en ce moment, notamment sur la culture du bodybuilding, les clubs pour hommes actifs et les festivals britanniques. Je photographie également sur les plateaux et dans les coulisses de la BBC, et j’accepte des contrats de photographie commerciale mais à petite dose.

Je travaille généralement à plein régime et j’ai tendance à ne penser qu’au présent. Les nouveaux projets naissent toujours du travail que je fais, c’est ce qui m’inspire. Mais je n’ai pas vraiment de projet de rêve, la photographie n’est pas comme ça pour moi.

Pourriez-vous nous raconter votre meilleure anecdote lors d’un shooting de mariage ?

Pour être honnête, je n’en ai pas vraiment. La plupart du temps, les gens se comportent bien. Des bagues ont été oubliées, un gâteau a été renversé d’une table une fois, et une voiture s’est écrasée dans une fontaine au milieu de la cour, mais rien de vraiment notable. Ce sont juste des gens qui font la fête, et ça me plaît bien !

© Ian Weldon

Retrouvez plus des créations de Ian Weldon sur son site Internet ou son compte Instagram.

Propos recueillis par Sophie Fremont 

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