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LoR : “C’est le fil qui permet l’existence du vide”

Chloé Vallot 27 juin 2020
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© Laure Simoneau

N’ayant trouvé sa voie que récemment, Laure Simoneau, alias LoR, nous raconte dans cette interview sa passion pour la sculpture en fil de fer.

Pouvez-vous vous présenter et exposer votre parcours ?

Je suis Laure Simoneau, et la sculpture est pour moi une deuxième vie. Auparavant, je travaillais dans le domaine social : j’ai été éducatrice, thérapeute de famille… avant de me rendre compte que je voulais faire la chose dont j’avais envie à vingt ans : la sculpture en fil de fer. Je pense que j’ai eu de la chance parce que j’avais déjà testé le fil à vingt ans, je n’ai pas eu à chercher mon médium, je l’ai trouvé très rapidement. Puis c’est assez original, ce qui m’a permis d’être plutôt facilement remarquée.

Pourquoi avoir choisi le fil de fer ?

Le fil de fer m’est arrivé dans les mains vraiment par hasard. Un jour en voulant amuser mon petit frère, j’ai commencé à lui faire des sculptures avec du fil de fer, et ça m’a beaucoup plu ; certains m’ont complimentée sur le rendu, le comparant à du Calder. J’aime bien jouer sur le fait que le vide qui compose la sculpture puisse se remplir d’émotion ; le fil permet l’existence du vide. Je ne pense pas encore avoir fait le tour du fil de fer.

Quelles sont vos inspirations ?

Je m’inspire de ce qui me touche, comme une vidéo ou une exposition que j’ai vue par exemple. Faire des bijoux m’a aussi donné un nouvel élan de créativité car ils m’ont permis de sortir du figuratif pour travailler réellement sur la ligne. J’ai pu me libérer, en ne devant pas absolument représenter quelque chose. Et puis je m’inspire aussi des œuvres que j’ai réalisées, mon travail antérieur inspire mon travail futur.

Série "Guerre-Ni-Ka"

© Laure Simoneau

Vous faites des œuvres monochromes mais il vous arrive d’ajouter des touches de couleur. Est-ce une démarche spécifique ?

Il m’arrive d’ajouter du rouge, couleur qui a toujours été importante dans ma marque de fabrique. Mais il s’agit souvent de clins d’œil, comme pour colorier des lèvres par exemple. Beaucoup m’ont conseillé de mettre plus de couleur mais je ne veux pas qu’on oublie le vide présent entre les lignes ; or en les colorant, on met l’accent dessus, et on en oublie le volume et l’espace entre les lignes.

Pourquoi avez-vous fait le choix de réaliser des œuvres directement inspirées du travail d’artistes connus (Magritte, Picasso…) ?

Je suis allée voir l’exposition Magritte à Beaubourg, ce qui m’a inspirée à faire ma sculpture où l’ombre n’est toujours pas une pipe. Mais je n’en ai pas fait beaucoup, je réalise surtout ce genre d’œuvres si j’ai vraiment été inspirée, lors d’expositions typiquement.

© Laure Simoneau

Récemment, vous avez commencé à réaliser des “nuages de bulles”. Pourquoi avoir choisi cette forme ?

Ça a commencé avec une commande de boucles d’oreilles en forme de bulle. Par hasard, j’ai mis les deux bulles à côté et je me suis dit qu’il serait intéressant d’en faire une réalisation plus importante. J’ai même eu une proposition pour en faire des luminaires de luxe ; je trouve fascinant qu’une si petite chose puisse en engendrer tant.

Vous avez réalisé beaucoup d’œuvres en rapport avec le confinement : comment avez-vous vécu cette période ?

Au début, j’ai eu beaucoup de mal à travailler ; j’y arrivais seulement quelques heures le matin. J’ai donc commencé à travailler sur le papier toilette : je faisais des petits rouleaux que j’intégrais à mes travaux et ça m’a aidée à aborder la situation de façon plus légère, à la tourner en dérision. Ça m’a un peu libérée puisque je n’avais plus de lien avec l’argent, ne pouvant plus vendre mes œuvres de toute façon. Je me suis alors autorisée à faire d’autres formes et à tenter autre chose ; pour le papier toilette, je me suis exprimée de manière plus libre, sans cette tension de l’argent.

Plus d’informations sur le site internet de LoR.

Propos recueillis par Chloé Vallot

 

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