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Matthis Chotard : “Peu importe sa position, quand on veut créer, on est sur le même pied d’égalité”

© Caroline Duteurtre

“Action”. C’est le mot préféré de Matthis. Ce jeune réalisateur a déjà plusieurs films à son actif et plusieurs sélections. Il nous raconte sa passion pour le cinéma et son besoin de regarder des films.

Pourrais-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je m’appelle Matthis, j’ai 28 ans. Le cinéma a vraiment été mon “parent”, il m’a appris beaucoup de choses de la vie : le bien, le mal, les valeurs morales… Très tôt, j’ai voulu écrire et réaliser. Je filmais avec ma webcam et je rajoutais des sons. Et quand je suis arrivé en licence arts du spectacle, un cours d’initiation au langage cinématographique m’a bouleversé. J’arrivais enfin à mettre des mots sur ce que je faisais. Tous les autres cours m’ont permis de réaliser qu’il existait plein de films dont on ne parle jamais. Ils m’ont appris à aiguiser mon regard. Mon appréhension du cinéma a vraiment commencé à ce moment-là. J’ai toujours regardé énormément de films. Je ne peux pas passer une journée sans rien regarder, c’est vital. Je me dis toujours qu’il existe tellement de films que je n’ai pas encore vus. Il faut que j’en voie le plus possible tant que je le peux.

Peux-tu nous parler de tes expériences ?

J’ai participé à un tournage en tant que stagiaire régie. J’avais tellement envie de bien faire, je courais partout, je posais beaucoup de questions, j’observais. J’ai discuté avec le réalisateur. Il m’a expliqué plein de choses sur sa manière de travailler. C’était une première expérience très enrichissante. Puis, une des assistantes du réalisateur m’a proposé un autre poste sur une série. Elle cherchait des stagiaires pour la mise en scène. Je suis parti 5 mois. Ça m’a permis de mieux comprendre l’organisation d’un tournage. Ensuite, avec mes camarades de classe, on a essayé de créer une web-série de science-fiction, Paradoxe. On était fasciné par la web-série Le visiteur du futur ; le réalisateur a commencé comme nous, avec peu de moyens. On se reconnaissait dans leur travail. Les cours à l’université m’ont beaucoup apporté sur la partie théorique du cinéma. En revanche, pour la pratique, il fallait qu’on découvre nous-mêmes. C’est pour ça qu’on voulait monter ce projet. On s’est vraiment amusé et on a appris à travailler ensemble.

© Caroline Duteurtre

Qu’est-ce que tu as fait après ta licence ?

Avec mes amis, on s’est concertés et on a réalisé un scénario que j’avais déjà écrit. C’était une écriture maladroite. Mais on a eu l’occasion de pratiquer, de se rendre compte des conditions réelles d’un tournage. J’avais également des choses bien précises en tête, mais on n’avait ni les compétences ni le matériel nécessaire pour obtenir ce qu’on voulait. On a ensuite enchaîné avec un autre projet, Thérapie. On avait beaucoup appris depuis le précédent projet et on voulait vraiment bien faire les choses. Pour le moment, ce court-métrage est celui dont on est le plus fiers. Il a été sélectionné trois fois dans des festivals. Ensuite, j’ai lancé une émission web, Cinergie. L’idée, c’était de parler de réalisateurs méconnus, oubliés, désapprouvés, qui mériteraient d’être mis en avant. Je voulais partager ma passion, mais surtout donner envie aux gens. J’écris quand je trouve une idée intéressante, je ne cherche pas à sortir des vidéos régulièrement.

Tu as été sélectionné en 2019 à Talents en court, pourrais-tu nous raconter ?

J’ai écrit un scénario, Héritage, qui m’a permis d’être lauréat en 2019 de Talents en court. C’est un dispositif de sélection de projets qui vont faire le tour des festivals pour faire des rencontres avec des professionnels. On a eu l’occasion d’échanger pour faire évoluer nos scénarios et en apprendre plus sur le monde du cinéma. Je me suis rendu compte que, peu importe ta position, quand on aime le cinéma et qu’on veut créer, on est tous sur le même pied d’égalité. L’idée est que mon projet attire l’œil d’un producteur pour être réalisé.

© Matthis Chotard & Caroline Duteurtre

Pourrais-tu nous parler de ton association ?

On a créé l’association Cut Films en 2019 avec les personnes avec qui j’ai commencé à monter des projets après mes études. L’idée c’est d’aider des structures qui n’ont pas forcément les moyens de faire des captations, comme des compagnies de théâtre. Après c’est aussi un moyen de réaliser nos projets plus facilement. On obtient plus facilement de subventions quand on est une association. On peut alors se permettre de réaliser nos projets au sein d’une structure dans de bonnes conditions. On se dit que ça pourrait aussi attirer des gens qui veulent réaliser des choses et qui n’ont pas les moyens nécessaires. On n’est pas une production, on est là pour donner un coup de main. Actuellement, on est en train d’écrire le troisième projet de notre groupe.

C’est quoi ton rapport au cinéma ?

J’ai un besoin de réaliser, d’appuyer sur le bouton REC. Je pense que j’ai vraiment envie de marquer mon passage sur Terre. Pour moi le cinéma, c’est une manière de laisser une empreinte. Je ne cherche pas à ce que mon travail soit reconnu, c’est juste que, pour moi, le cinéma est le miroir de l’histoire. Chaque œuvre qui existe, note le passage d’une personne à ce moment-là. C’est aussi pour montrer aux générations futures qu’à un moment donné, il y a eu des gens qui ont réalisé des choses. Parmi tous les arts, je trouve que le cinéma est celui qui reflète le plus notre monde. En fonction de l’époque d’un film, on peut ressentir la période à laquelle il a été réalisé. Le cinéma, c’est vraiment ce que j’aime, c’est le plus bel art qui existe, et j’ai envie à mon tour de raconter des histoires et de faire réfléchir les gens.

Plus d’informations sur le site de Matthis Chottard et sur le site de son association.

Propos recueillis par Quentin Coutanceau

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