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Mehdi Ayouche : “Alopsy est un besoin de parler d’une cause féminine qui me tient à cœur”

Hiba Bennani 28 décembre 2020
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Mehdi Ayouche nous laisse ici entrer dans l’intimité de son art et de ses pensées en nous confiant une interview riche en connaissances, à travers Alopsy, un court métrage qui promet au réalisateur un avenir digne de son art. 

Vous êtes papa, réalisateur, médecin, acteur. Comment gère-t-on toutes ces casquettes à votre âge ? 

J’ai toujours été un touche-à-tout et l’idée d’avoir plusieurs casquettes me vient de mon professeur néphrologue en Ukraine, qui été à la fois mon professeur et un metteur en scène de théâtre. Grâce à lui, j’ai compris qu’il fallait faire beaucoup de choses dans la vie car c’était un homme heureux de par ses différentes casquettes. Et bien sûr le rôle de papa, ça fait plaisir de découvrir et d’avoir cette nouvelle émotion magnifique dans ma vie.

De quelle manière le Maroc inspire-t-il votre art ?

Pour moi c’est très important de chercher dans ses racines d’abord parce que les racines, en l’occurrence le Maroc, ont beaucoup de choses à dire. On vit dans un pays qui a seize siècles. Sur le plan artistique, la culture arabo-musulmane est très riche. Vous savez, je me suis rendu compte de la richesse de ma culture la première année où je suis parti en Ukraine. J’étais dans un live show et il y avait cet artiste ukrainien qui jouait de la musique arabo-andalouse avec sa guitare. Je suis allé lui demander la raison pour laquelle il jouait cette mélodie et je n’oublierai jamais les éloges que ce monsieur m’a fait sur ma culture. Depuis ce jour j’ai compris que nous les marocains, nous n’avons pas besoin d’aller chercher notre inspiration autre part car la richesse de notre culture est incroyable.

Pouvez-vous rapidement résumer votre court métrage AlopsyQue cherchez vous à communiquer à travers cette œuvre

En quelques mots, Alopsy est un besoin du réalisateur de parler d’une cause féminine qui me tient à cœur. Je suis le frère de deux sœurs, le mari d’une femme, le père d’une petite fille et le fils d’une maman, j’ai toujours été entouré par des femmes dans ma vie. C’est très important pour moi de parler des sujets qui m’importent en tant qu’humain d’abord, et en tant qu’homme qui défend la cause féminine. Lorsque j’en ai eu l’occasion, j’ai décidé de parler des violences conjugales qui touchent toutes les catégories professionnelles, par cela je veux dire que les violences conjugales sont une crise de valeurs et non pas une distinction sociale catégorisée. Un homme peut être violent même s’il est directeur d’une multinationale, car la plupart du temps quand on aborde ce sujet des violences, on a tendance à les mettre en lien avec une catégorie sociale populaire. Hors, la réalité est que les violences conjugales sont dues à un manque de valeurs non catégorisé. Malheureusement, le machisme arabe est très ancré et toujours autant présent. Je reste encore profondément choqué d’entendre des personnes ayant avancé dans leur carrière professionnelle, défendre l’idée des violences conjugales, se dire que ces personnes reculent sur le plan personnel et sur celui des valeurs et des principes. C’est par l’art qu’on change les mentalités, je me retrouve donc toujours à parler de ces idées. J’essaie de trouver cet équilibre entre le cinéma en tant que moyen de divertissement et le cinéma en tant que moyen de créer des débats autour des films.

Avez-vous d’autres projets à venir ? 

Oui, bien sûr. Je travaille en ce moment sur un long métrage, un film historique. C’est l’histoire vraie d’un médecin. Je me lance dans cette nouvelle aventure en adaptant à l’écran une biographie. L’idée est de faire découvrir aux gens des histoires riches sur le plan émotionnel et dramatique. J’espère pouvoir finir l’écriture d’ici fin 2021.

Pour finir cette belle interview, avez-vous quelques mots pour les jeunes artistes ? 

Les jeunes artistes vous savez, moi aussi je suis un jeune artiste. Au Maroc, on qualifie de jeunes artistes même des réalisateurs de 40 ans. Je prends l’exemple de Xavier Dolan pour illustrer le fond de ma pensée, ce magnifique réalisateur à été repéré très jeune, à 21 ans. Les producteurs canadiens lui ont fait confiance et de part cette confiance, ce jeune réalisateur a pu faire partie du jury à Cannes à 24 ans seulement. Ce que je veux dire par là, c’est que malheureusement chez nous, les jeunes artistes souffrent beaucoup. On ne leur donne pas assez de valeur alors qu’on peut trouver au Maroc des lumières, même à 18 ou 19 ans. Comme je le dis toujours, le talents est universel, il ne se trouve pas qu’en Europe ou aux Etats-Unis. On peut trouver des acteurs extraordinaires en Ethiopie ou n’importe où dans le monde, il faut simplement croire en les jeunes. C’est notre futur, le futur du monde arabe et du monde entier pour tout dire.




Propos recueillis par Hiba Bennani

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