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NP : “J’aime que ma voix devienne un instrument”

18 juillet 2020
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Paul Notz, connu sous le nom d’artiste “NP”, est un  jeune rappeur bordelais à la musicalité et au flow inimitable. Sa première mixtape aux diverses saveurs vient de voir le jour et nous laisse déjà sans voix !

Ta première mixtape regroupant huit titres est actuellement en ligne sur SoundCloud et YouTube. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

J’ai travaillé sur ce projet pendant le confinement, où j’avais tout le temps envie d’écrire. J’écoutais beaucoup de musique et certaines mélodies me venaient en tête. J’ai appelé mon ami beatmaker Arthus et on s’est mis à réfléchir ensemble à la prod. Je lui envoyais des sons dont le style me plaisait pour qu’il s’en inspire. Il m’a fait quelques propositions et je continuais d’écrire en parallèle. Puis nous est venue l’idée de regrouper ces compositions en un projet diversifié, qui est devenu cette première mixtape ! Avant ce projet, j’avais déjà sorti quatre sons un peu expérimentaux au feeling, mais il y avait moins cette volonté de créer un ensemble élaboré. Avec cette mixtape, on souhaitait vraiment être apprécié par des personnes aux différents styles musicaux. Et c’est un vrai plaisir de constater que chacun trouve son morceau coup de cœur !

Tous les textes sont extraits de ta plume. Où puises-tu ton inspiration et comment joues-tu sur la symbiose entre ton flow et les mots ?

J’ai deux principales sources d’inspiration dans mon écriture. La première c’est mon humble expérience qui m’amène à écrire des textes où je me raconte, en dévoilant un peu de mon histoire. Mon autre source d’inspiration s’apparente à une forme “d’ego trip”, assez spécifique au rap américain. C’est une forme de vantardise que j’essaie de tourner d’une manière ironique et humoristique. Derrière chaque côté “je frime” se cache toujours une blague. Concernant les morceaux, comme Back up où je veux que ça “kick” un peu plus, je vais jouer essentiellement sur la sonorité des mots et comment les caler sur les temps. J’aime que ma voix devienne un instrument. Créer une rythmique permet aux gens qui ne comprennent pas mes textes d’adhérer au flow. Je joue aussi sur les rimes en essayant un maximum de ne pas tomber dans la facilité. Il m’arrive de supprimer des paragraphes entiers d’écriture parce qu’ils manquent de complexité, d’originalité ou d’une sonorité un peu différente.

Cette mixtape nous plonge dans différentes atmosphères musicales. Peux-tu nous présenter le protagoniste derrière la prod ?

Arthus est un ami de longue date qui est beatmaker : un compositeur de rythmiques, un “faiseur de sons”. Il qualifie son beatmaking de mélodique et “bouncy”. Il fait des prod à part entière et des prod à placement, c’est-à-dire celles sur lesquelles on peut écrire des textes. Il est dedans depuis quelques années et il est plutôt bien entouré dans le milieu du beatmaking. Il s’y consacre énormément. Le projet de la mixtape lui a effectivement permis de tester plusieurs styles de prod. Je suis très admiratif de la rapidité et l’efficacité avec lesquelles il compose. Il peut créer quelque chose de qualitatif très rapidement, comme il peut passer des heures à fignoler des détails.

Nous retrouvons deux titres en featuring dans la mixtape : Party en duo avec le guitariste Alex Lyr, et Not so strong en duo avec la chanteuse Stella. Quels ont été les apports sensibles et artistiques de ces co-créations ?

Concernant Party, je voulais expérimenter quelque chose d’un peu plus musical, moins rap traditionnel, même si aujourd’hui le rap est tellement diversifié qu’on ne peut plus vraiment dire ça. J’ai contacté un ami d’enfance guitariste, Alex Lyr et il a accepté de me rejoindre sur le projet. Il m’a envoyé quelques extraits qui m’ont beaucoup plu et que j’ai transmis à Arthus pour voir comment on pouvait composer avec la production musicale électronique et l’instrument live. C’est un réel travail de collaboration, où chacun a apporté sa touche, en jouant sur des variantes pour apporter une vraie musicalité. Les ponts en solo à la guitare apportent du groove au morceau, un côté festif et joyeux. C’est le rebond d’énergie au milieu de la mixtape ! Pour le morceau Not so strong, lorsque je l’ai écrit il m’inspirait un refrain chanté. Je connaissais Stella, jeune chanteuse découverte sur les réseaux, à qui j’ai proposé de venir chanter sur ce titre. Elle a une voix mélodieuse et très puissante, ce qui vient créer un contraste avec la mienne. Il y a une certaine émotion dans ce morceau, qui aborde un sujet sensible et sentimental. Durant ces deux collaborations, j’ai aimé pouvoir poser une forme de cadre tout en laissant une grande liberté de proposition et d’expression à l’artiste.

À tout juste 18 ans, ta maîtrise de l’américain est remarquable. Comment as-tu perfectionné ton accent et ta diction ?

À l’origine, je suis un gros fan de basket américain et de la NBA. Quand j’étais petit, je regardais beaucoup de matchs et de vidéos sur YouTube, où des coachs sportifs donnent des conseils. Puisqu’il en existe très peu en français, il y avait cette nécessité pour moi d’apprendre ne serait-ce que quelques mots d’américain pour pouvoir comprendre. Mon désir de comprendre et maîtriser la langue a dérivé petit à petit avec la culture hip-hop et le rap, que j’ai toujours nettement préféré en américain, trouvant personnellement la vibe plus intéressante. J’écoutais beaucoup de sons attentivement, tout en lisant les paroles. Me focaliser sur l’écriture du mot et sa prononciation m’a permis de comprendre sur quelles sonorités insister. J’aime comment certains rappeurs américains jouent avec la rythmique des mots. En américain, tu peux manier l’argot avec facilité, en utilisant des mots courts. C’est moins haché, ça permet d’être plus fluide. C’est vraiment grâce à beaucoup d’écoute, d’entraînement et à une assez bonne oreille que j’ai pu développer un bon accent dès 14 ans. L’enjeu fut ensuite d’enrichir et complexifier mon vocabulaire, notamment en passant un séjour aux États-Unis.

Un rappeur français ou américain aurait-il été pour toi une source d’influence ?

Mac Miller m’a beaucoup inspiré dans l’écriture, notamment pour mes morceaux que je qualifie d’un peu “ego trip”. C’est aussi une inspiration musicale, je pense notamment au titre Programs que j’adore, subtile du début à la fin et très rythmé. Je ne peux pas ne pas citer J. Cole que j’aime beaucoup dans son style. Il a un style de rap avec des prod plus à l’ancienne, plus hip-hop. Il a un super flow et peut faire des feats avec n’importe qui, il s’adapte très facilement. 

Un titre te tiendrait-il symboliquement et émotionnellement à cœur dans cette mixtape ?

Si je dois penser en termes d’écriture, je dirais No more. Ce morceau est l’interlude de la mixtape. Il m’a permis de m’exprimer, de me livrer en évoquant une histoire sentimentale vécue. À l’origine, c’était un freestyle assez court que j’ai peaufiné et rallongé par une prod mélodique. Mais je savais que je n’avais pas besoin d’en dire plus, le texte trouvait déjà son sens.

Te produire sur scène et rencontrer ton public serait-il pour toi le rêve d’un aboutissement ? 

Oui, clairement. J’ai toujours aimé la scène, m’exprimer devant un public. J’ai fait du théâtre pendant plusieurs années, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de me produire sur scène musicalement. C’est une première expérience scénique que j’aimerais avoir l’opportunité de vivre bientôt.

Nous concocterais-tu un prochain titre pour bientôt ?

J’ai plusieurs maquettes en préparation en ce moment, qui sortiront prochainement. Je peux déjà dire qu’il y aura un morceau en feat avec un autre rappeur, où un cuivre s’invitera dans la prod.

Pour découvrir l’ensemble de la mixtape de NP, rendez-vous sur SoundCloud ou YouTube.

Propos recueillis par Joséphine Roger. 

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